Communiqué de presse du syndicat européen

General Electric : les actionnaires d’abord, les travailleurs passent en dernier

 

Le 22 novembre 2017

« Développer une vision pour l’avenir de GE et créer un maximum de valeur pour les actionnaires » : tel est le message que le nouveau PDG de General Electric, John Flannery, a délivré aux investisseurs de GE ce 13 novembre. Alors que les intérêts des actionnaires seront certainement servis par le plan de cession de 20 milliards de dollars d’actifs prévu sur les deux prochaines années, l’avenir de GE n’a jamais semblé aussi précaire. « Il est plus que temps d’avoir un véritable débat sur les choix industriels de GE », ont convenu les représentants syndicaux qui se sont réunis 4 jours après cette annonce à Bruxelles, sous l’égide d’industriAll Europe.

Les annonces de restructuration chez General Electric se suivent et malheureusement se ressemblent toutes. Alors que la grande réorganisation impliquant la suppression de quelque 6000 emplois, qui avait suivi l’acquisition d’Alstom Power en 2015 avait pour but de remettre GE Power sur la voie du développement durable de ses activités, une nouvelle salve est sur le point de frapper. Et de frapper durement. Pour contenter ses actionnaires qui voient le cours de leurs actions chuter depuis le début de l’année, le nouveau PDG de GE, John Flannery, a annoncé un nouveau plan de rationalisation visant à réduire de 30% l’empreinte industrielle de GE d’ici 2020.

« Le plan qu’envisage GE menace directement des milliers d’emplois, et pourtant pas un mot n’a été dit au sujet des conséquences sociales désastreuses à venir. C’est parfaitement inadmissible ! IndustriAll Europe s’oppose avec la plus grande fermeté à ce que les travailleurs subissent les conséquences d’une stratégie financière irréfléchie qui a déjà causé la destruction de valeurs industrielles et de savoir-faire cruciaux », a déclaré Sylvain Lefebvre, Secrétaire général adjoint d’industriAll Europe.

Contrairement au tableau noir dressé face aux investisseurs, GE continue d’être une entreprise rentable et solide économiquement. Le groupe multinational reste leader dans l’aviation, les soins de santé, le transport et l’électricité. Au global, aucune perte financière n’est envisagée. Bien au contraire, les niveaux de profits restent élevés avec 3,5 milliards de dollars de bénéfice opérationnel annoncés sur l’ensemble des activités industrielles de GE pour le troisième semestre 2017. C’est précisément l’absence de perspective industrielle à long terme qui menace à la fois le futur social et l’avenir économique de l’entreprise. La stratégie à court terme que poursuit GE comporte des risques sérieux non seulement pour les travailleurs mais aussi pour les actionnaires qui se trompent totalement s’ils pensent qu’une cession massive des actifs industriels ramènera une croissance à deux chiffres.

Sachant que GE assiste 30% de la production d’électricité dans le monde, il est juste de s’inquiéter quant à l’impact que le plan de cession de 20 milliards de dollars pourrait avoir sur la politique énergique publique. IndustriAll Europe interpellera les pouvoirs publics nationaux et européens sur les risques que cette cession d’actifs industriels stratégiques fera courir sur les choix que l’Europe a fait pour l’avenir de sa politique énergétique.

Alors qu’ils réaffirment leur engagement à défendre de manière unitaire les intérêts des salariés de

GE dans toute l’Europe, les représentants syndicaux de GE demandent que :

• GE respecte les engagements pris lors du rachat de Alstom Power en termes d’investissements et de développement industriel.

• GE gèle tout plan de restructuration jusqu’à ce que la conduite d’une procédure d’information et de consultation coordonnée via la mise en place d’un Comité d’entreprise européen couvrant tous les salariés de GE soit garantie.
• Une délégation syndicale européenne rencontre le PDG de GE dans les plus brefs délais pour discuter d’une véritable stratégie industrielle.

Les syndicats européens continueront, sous l’égide d’industriAll Europe, de coordonner leurs activités aux niveaux national et européen et se rencontreront de nouveau dans les prochaines semaines pour discuter des suites à donner.